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Arezki L'Bachir

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Arezki L'Bachir Empty Arezki L'Bachir

Message  Zhafit Jeu 4 Sep - 15:05

Arezki L'Bachir

par Oumelkheir

Arezki L’Bachir… ce nom vous dit-il quelque chose ?
Vous rappelle une histoire peut-être ? Ou alors, rien
du tout ?
Il faut dire qu’il n’est pas mentionné dans les livres
d’Histoire de l’Algérie colonisée. Et son histoire
n’est pas rapportée comme l’est celle d’autres grands
noms de la résistance algérienne. Pourtant…
Arezki L’Bachir Ouali n’Aït Ali est né vers 1857 dans
le village de Aït-Bouhouni à Azazga en kabylie. Cette
année-là, 1857, la Kabylie tombait après avoir résisté
à l’avancée des troupes françaises. Nous le savons
aujourd’hui bien sur, cela n’avait heureusement rien
de définitif. Mais, après la bataille d’Icherriden que
Lalla Fadhma n’Soumer avait courageusement menée, la
Kabylie était vaincue. La défaite a été très dure. Et
le tribut très lourd. Car en plus de la contribution
de guerre que les villages devaient payer, et qui se
comptait en millions, les villages perdaient leur
autonomie administrative et juridique.
Les assemblées des villages, les djemaâs, qui
regroupaient auparavant des « sages » élus, devenaient
alors un outil de l’administration française, avec à
leurs têtes des : « caïds » et des « amines » désignés
par l’autorité coloniale.
En parallèle débutait pour la Kabylie l’opération
d’attribution de concessions d’exploitation et
d’appropriation de terres aux colons fraîchement
débarqués d’Europe. Evidemment, l’attribution des
terres ne se faisait qu’après leur confiscation à
leurs véritables propriétaires. Mais, comme cela se
faisait sous le couvert des lois coloniales, faites
sur-mesure et selon les circonstances, les villageois
se voyaient déposséder de leurs biens, de leurs terres
et de leurs troupeaux sur lesquels ils n’avaient plus
aucun droit.
Dans la région de Azazga et de Yakouren où Arezki
L’Bachir vivait, les forêts de Chêne-liège attiraient
les compagnies d’exploitation qui se sont installées.
Arezki n’avait alors que 14 ans quand l’insurrection
de 1871, dirigée par El-Mokrani, avait embrasé tout
l’est algérien. Il avait assisté impuissant à la dure
répression coloniale sur la population.
L’administration française avait alors brandi le
prétexte de la « responsabilité collective » dans les
actions de ceux qu’elle appelait « criminels » et en
avait fait une arme terrible de répression collective.
Arezki L’Bachir décidera à partir de ce moment de tout
faire pour rétablir la Justice et de sauvegarder
l’Honneur des siens. De tous les siens.
Quelques années plus tard, alors qu’il était chef de
chantier dans la forêt de Yakouren, il constituera un
noyau de révolte, avec un petit groupe de ses
compagnons les plus fidèles. Cela va commencer par la
réclamation des droits des bûcherons qui étaient
exploités. Il se dressera par la suite contre la
confiscation des terres des villageois et contre la
levée abusive des impôts.
Il ira jusqu’à l’assassinat des agents de la
colonisation française : civils ou militaires,
musulmans ou chrétiens, à ses yeux, certains étaient
des traîtres et d’autres des criminels. Ses actions
étaient pour lui d’ordre politique, mais
l’administration française les classait dans un ordre
de pur banditisme.
Cela lui vaudra très vite une condamnation à 20 ans de
travaux forcés, par la Cour d’Assises d’Alger, par
contumace bien sur. Puisqu’il était encore dans la
forêt de Yakouren où les forces françaises n’avaient
pas encore réussi à le capturer.
Il devenait encore plus difficile de l’avoir puisque
son groupe s’était élargi. Il commandait dorénavant
environ 300 hommes, tous triés et rigoureusement
choisis par lui. Il voulait des combattants convaincus
de la cause et non des bandits ou de simples voyous.
Il semblerait même qu’il ait eu des contacts avec
Cheikh Bouâmama qui, entre 1881 et 1883, avait mené
l’insurrection du sud de l’Oranie. Arezki L’Bachir
comptait bien organiser une nouvelle insurrection en
Kabylie. Il n’en aura pas suffisamment le temps.
Entre-temps, l’administration coloniale se faisait
beaucoup de soucis à cause de lui. Arezki L’Bachir
était devenu le « Justicier » auquel les villageois de
toute la région demandaient de l’aide. Lui, rendait la
justice et remplaçait de ce fait l’autorité coloniale
dans de nombreux cas.
Le Gouverneur Général d’Alger décidera en
1893d’envoyer une expédition contre Arezki L’Bachir et
ses hommes. Après une traque d’un mois et demi
environ, et à cause des moyens et des renforts
déployés dans toute la région, Arezki L’Bachir,
fatigué et affamé sera finalement capturé. Ses hommes
qui s’étaient dispersés seront eux aussi capturés.
Certains mourront au combat.
La nouvelle de l’arrestation de Arezki L’Bachir fit
sensation à Alger. Cela faisait bientôt 15 ans que le
« Justicier » de Kabylie menaçait l’autorité
coloniale. Il était temps pour elle d’exhiber son
trophée.
En une année de prison, entre la maison d’arrêt de
Tizi-Ouzou et la prison de Barberousse (actuelle
Serkadji), Arezki L’Bachir recevra la visite de
nombreux journalistes européens ou de simples curieux
qui voulaient le connaître, comprendre sa personnalité
et ses motivations. Tous ont été très impressionnés
par le personnage qui forçait le respect. Il n’avait
rien du bandit que l’administration coloniale voulait
qu’il soit.
Mais son procès et celui de ses hommes qui s’est tenu
en janvier 1895, se terminera pour Arezki L’Bachir et
9 d’entre eux par une condamnation à mort. Les autres
seront condamnés et envoyés au Bagne, en
Nouvelle-Calédonie.
L’exécution d’Arezki L’Bachir se fera le 14 mai 1895 à
Azazga. Il sera guillotiné puis enterré dans une fosse
commune à Tizi-Bouchène.
La mémoire d’Arezki L’Bachir a été immortalisée dans
la poésie populaire kabyle. De nombreux poèmes lui
sont dédiés. Ils le décrivent comme un preux
chevalier, courageux justicier, affrontant bravement
le monstre colonial. Pour exemple, cet extrait :
Arezki L’Bachir le preux
Sans reproche, un nom porté au firmament
Dans le Tamgout son refuge
De laine, il se couvre
De laitages, se nourrit
Consolez Salem
Du combat
Son père en sortira grandi
Zhafit
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