L'Algérie et la Kabylie : des rapports de filiation aux rapports de défiance
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L'Algérie et la Kabylie : des rapports de filiation aux rapports de défiance
Une conférence de Ferhat Mehenni, organisée par l'association "Tamazgha", à Paris le 29 novembre 2008,, puis par le MAK à Marseille le 7 décembre en compagnie de Lyazid Abid, responsable du MAK en Allemagne, a porté sur l'état des lieux des relations entre la Kabylie et le pouvoir algérien. En voici la note d’allocution du Président du Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie.
L'ALGERIE ET LA KABYLIE : DES RAPPORTS DE FILIATION AUX RAPPORTS DE DEFIANCE
Je connais une femme qui a sacrifié toute sa vie pour élever son fils. Elle s'était astreinte à mille et une privations pour que son enfant grandisse dans la dignité. Mais devenu adulte, et pour suprême récompense, celui-ci se met à la suspecter, la frapper, l'humilier, la tyranniser afin de l'enfermer à la maison, la voiler et la dérober au regard des autres, telle une maladie honteuse. Elle qui avait affronté, pour lui, dictat des traditions et lois de l'infamie se retrouve à subir, de son propre fils, ce qu'elle a de tout temps refusé des autres : Les chaînes. Cette histoire, pour naïve et affligeante qu'elle puisse paraître du point de vue de la morale, n'en est pas moins proche du sujet qui nous préoccupe et qui traite des relations entre l'Etat algérien et la Kabylie.
Pour les commodités de l'exposé, nous confondrons volontairement État et pouvoir algérien, Kabylie, Kabyles et peuple kabyle. En effet, en théorie, l'État est un ensemble d'institutions concentrant les centres de décision d'un pays, son organisation politique. Il est un ensemble de leviers, d'instruments au service d'un pouvoir qui lui confère sa véritable nature, despotique ou démocratique. La Kabylie, elle, est un territoire : la patrie des Kabyles, un des peuples niés par l'Algérie à l'intérieur de ses propres frontières.
RAPPORTS DE FILIATION : LA MÈRE PORTEUSE ET L'INGRATITUDE
La Kabylie a précédé l'État algérien. Elle a existé distinctement de son environnement dans lequel la colonisation française l'a intégrée de force quand elle a eu à créer l'Algérie. L'État algérien était d'abord français et c'est la lutte de décolonisation, dans laquelle la Kabylie s'était engagée corps et âme, qui en a changé la « nationalité », pas la nature.
Elle l'a longtemps porté dans son ventre tel un être précieux, le protégeant de toutes ses forces et le nourrissant de sa chair, de son sang et de ses larmes. De l'Étoile nord-africaine (ENA) de 1926 au Front de libération nationale (FLN) de 1954 en passant par le Parti du Peuple algérien (PPA) 1936 et le Mouvement pour le Triomphe des Libertés démocratiques (MTLD) 1946 qui amorça l'organisation de la lutte armée, le gros des troupes et de l'encadrement était kabyle. Elle le nourrissait tant de son propre espoir de liberté et de dignité que des dizaines de milliers de Kabyles avaient fini par connaître la prison, la torture et la mort, et ce, jusqu'à sa naissance. Celle-ci a été très dure et s'est faite en trois étapes : Le déclenchement de la guerre dite « d'indépendance » le 1er novembre 1954 dont la déclaration fut tirée dans un village kabyle, puis le Congrès de la Soummam le 20 août 1956 et enfin, les Accords d'Evian négociés et signés par un autre kabyle, Krim Belkacem, mettant fin à plus de sept années de guerre. La Kabylie couvait si bien cet État naissant qu'elle lui donnait tous ses meilleurs enfants. La Kabylie, n'ayons aucune crainte de le dire, est la mère de l'Algérie indépendante. Alors que celle-ci était bradée par les islamistes qui s'appelaient alors les Oulémas et qui ne voulaient pas de l'indépendance dès lors que la France ne portait pas atteinte à l'islam, la Kabylie, elle, organisait et nourrissait en hommes, en matériel et en idées le mouvement de libération nationale jusqu'au 19 mars 1962. Parmi toutes les régions d'Algérie, aucune d'elles n'égale en militantisme et en sacrifices la Kabylie. [Nous nous permettons ici une petite digression : le scandale des centaines de milliers de faux anciens combattants percevant des pensions du Ministère des « Anciens Moudjahidines » qui défraie ces derniers temps la chronique à l'Assemblée nationale algérienne n'est pas qu'une affaire de corruption, d'individus ou d'argent. Elle est essentiellement due à une volonté de bourrage des listes d'anciens combattants ; le pouvoir algérien a de tous temps eu le souci de ne pas révéler des statistiques officielles montrant au grand jour que la guerre d'Algérie était le fait (presque) exclusif des Kabyles. Ces faux et usages de faux sont donc le fait d'une politique officielle délibérée menée, répétée et renforcée pendant des décennies depuis 1962].
Mais une fois l'indépendance acquise, cet État qui est l'enfant de la Kabylie se retourne contre elle. Elle réalise à ses dépens qu'elle n'en a été, au mieux, que la mère porteuse. L'État algérien était une sorte de bébé coucou dans le nid kabyle d'où il a expulsé l'authentique enfant de l'espoir. Cet État, usurpateur une fois debout, s'avère être celui de l'arabo-islamisme et rejoint sa famille d'adoption, dont la Kabylie est le souffre-douleur.
L'ALGERIE ET LA KABYLIE : DES RAPPORTS DE FILIATION AUX RAPPORTS DE DEFIANCE
Je connais une femme qui a sacrifié toute sa vie pour élever son fils. Elle s'était astreinte à mille et une privations pour que son enfant grandisse dans la dignité. Mais devenu adulte, et pour suprême récompense, celui-ci se met à la suspecter, la frapper, l'humilier, la tyranniser afin de l'enfermer à la maison, la voiler et la dérober au regard des autres, telle une maladie honteuse. Elle qui avait affronté, pour lui, dictat des traditions et lois de l'infamie se retrouve à subir, de son propre fils, ce qu'elle a de tout temps refusé des autres : Les chaînes. Cette histoire, pour naïve et affligeante qu'elle puisse paraître du point de vue de la morale, n'en est pas moins proche du sujet qui nous préoccupe et qui traite des relations entre l'Etat algérien et la Kabylie.
Pour les commodités de l'exposé, nous confondrons volontairement État et pouvoir algérien, Kabylie, Kabyles et peuple kabyle. En effet, en théorie, l'État est un ensemble d'institutions concentrant les centres de décision d'un pays, son organisation politique. Il est un ensemble de leviers, d'instruments au service d'un pouvoir qui lui confère sa véritable nature, despotique ou démocratique. La Kabylie, elle, est un territoire : la patrie des Kabyles, un des peuples niés par l'Algérie à l'intérieur de ses propres frontières.
RAPPORTS DE FILIATION : LA MÈRE PORTEUSE ET L'INGRATITUDE
La Kabylie a précédé l'État algérien. Elle a existé distinctement de son environnement dans lequel la colonisation française l'a intégrée de force quand elle a eu à créer l'Algérie. L'État algérien était d'abord français et c'est la lutte de décolonisation, dans laquelle la Kabylie s'était engagée corps et âme, qui en a changé la « nationalité », pas la nature.
Elle l'a longtemps porté dans son ventre tel un être précieux, le protégeant de toutes ses forces et le nourrissant de sa chair, de son sang et de ses larmes. De l'Étoile nord-africaine (ENA) de 1926 au Front de libération nationale (FLN) de 1954 en passant par le Parti du Peuple algérien (PPA) 1936 et le Mouvement pour le Triomphe des Libertés démocratiques (MTLD) 1946 qui amorça l'organisation de la lutte armée, le gros des troupes et de l'encadrement était kabyle. Elle le nourrissait tant de son propre espoir de liberté et de dignité que des dizaines de milliers de Kabyles avaient fini par connaître la prison, la torture et la mort, et ce, jusqu'à sa naissance. Celle-ci a été très dure et s'est faite en trois étapes : Le déclenchement de la guerre dite « d'indépendance » le 1er novembre 1954 dont la déclaration fut tirée dans un village kabyle, puis le Congrès de la Soummam le 20 août 1956 et enfin, les Accords d'Evian négociés et signés par un autre kabyle, Krim Belkacem, mettant fin à plus de sept années de guerre. La Kabylie couvait si bien cet État naissant qu'elle lui donnait tous ses meilleurs enfants. La Kabylie, n'ayons aucune crainte de le dire, est la mère de l'Algérie indépendante. Alors que celle-ci était bradée par les islamistes qui s'appelaient alors les Oulémas et qui ne voulaient pas de l'indépendance dès lors que la France ne portait pas atteinte à l'islam, la Kabylie, elle, organisait et nourrissait en hommes, en matériel et en idées le mouvement de libération nationale jusqu'au 19 mars 1962. Parmi toutes les régions d'Algérie, aucune d'elles n'égale en militantisme et en sacrifices la Kabylie. [Nous nous permettons ici une petite digression : le scandale des centaines de milliers de faux anciens combattants percevant des pensions du Ministère des « Anciens Moudjahidines » qui défraie ces derniers temps la chronique à l'Assemblée nationale algérienne n'est pas qu'une affaire de corruption, d'individus ou d'argent. Elle est essentiellement due à une volonté de bourrage des listes d'anciens combattants ; le pouvoir algérien a de tous temps eu le souci de ne pas révéler des statistiques officielles montrant au grand jour que la guerre d'Algérie était le fait (presque) exclusif des Kabyles. Ces faux et usages de faux sont donc le fait d'une politique officielle délibérée menée, répétée et renforcée pendant des décennies depuis 1962].
Mais une fois l'indépendance acquise, cet État qui est l'enfant de la Kabylie se retourne contre elle. Elle réalise à ses dépens qu'elle n'en a été, au mieux, que la mère porteuse. L'État algérien était une sorte de bébé coucou dans le nid kabyle d'où il a expulsé l'authentique enfant de l'espoir. Cet État, usurpateur une fois debout, s'avère être celui de l'arabo-islamisme et rejoint sa famille d'adoption, dont la Kabylie est le souffre-douleur.
rebai_s- Nombre de messages : 1793
Date d'inscription : 26/04/2008
Re: L'Algérie et la Kabylie : des rapports de filiation aux rapports de défiance
Qu'en est-il des relations kabylo-kabyles?
Zhafit- Admin
- Nombre de messages : 13597
Date d'inscription : 26/04/2008
Zhafit- Admin
- Nombre de messages : 13597
Date d'inscription : 26/04/2008
Re: L'Algérie et la Kabylie : des rapports de filiation aux rapports de défiance
trés bonne question
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