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La secte wahhabite

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Message  rebelle kabyle Lun 24 Déc - 17:02

Chronique du jour : A FONDS PERDUS
La secte wahhabite



Par Ammar Belhimer
ambelhimer@hotmail.com
Dans son rapport final du 23 juillet 2004, la Commission d’investigation nationale bipartisane, dite «Commission du 9/11», chargée de faire la lumière sur les événements du 11 septembre 2001, établit expressément une filiation entre «le terrorisme islamique » et «une longue tradition d’intolérance» qui provient «des fondateurs du wahhabisme, des Frères musulmans et de penseurs salafistes éminents».
Voilà donc Ben Laden «héritier naturel d’Ibn Abd al-Wahhab», le père fondateur de l’idéologie toujours dominante dans le royaume d’Arabie saoudite. Le wahhabisme est au terrorisme ce que le sein maternel est au nouveau-né : une source irremplaçable de vie. Le même rapport cité plus haut établit qu’Al Qaïda a levé en Arabie saoudite des fonds pour le djihad à grande échelle avant le 11 septembre – des fonds par ailleurs évalués entre 300 et 500 millions de dollars. Que les Saoudiens le reconnaissent ne dégage pas leur responsabilité dans les crimes commis au nom de l’islam contre l’humanité, sous tous les cieux, en premier lieu en terres d’islam. On ne peut également pas ne pas partager l’avis de l’universitaire tunisien, Hamadi Redissi, lorsqu’il écrit : «On ne peut comprendre l’entente entre le wahhabisme et l’islamisme sans expliquer que les liaisons dangereuses, loin d’être accidentelles ou fortuites, se ressourcent dans une matrice commune. D’un mot, les thèses de l’islam millénariste, misanthrope, indompté, belliqueux, antichrétien, antisémite et misogyne se trouvent à l’état brut dans le wahhabisme.» L’intellectuel tunisien revient sur le cheminement qui a fait du wahhabisme, «radical fanatique, sectaire, austère, puritain, intrépide et cruel» l’islam majoritaire dans de nombreux pays musulmans. Il le fait dans un livre que son éditeur parisien qualifie à juste titre d’«essentiel pour le devenir de l’islam au XXIe siècle»(*). L’entreprise est laborieuse car s’apparente à une immersion dans un monde visqueux et obscur. Ainsi accède-t-on difficilement aux sources arabes critiques sur le wahhabisme, «éparpillées ou non disponibles, comme si une main invisible travaillait à les retirer du domaine public». Cette «main invisible» est initialement le fruit de la rencontre, vers 1744-1745, de «deux hommes insignifiants» : un «prédicateur résolu» (Muhammad Ibn Abd al-Wahhab – 1703/1792) et un «seigneur de la guerre» (Muhammad Ibn Saoud). Ce croisement est plus couramment appelé le Pacte de Nadjd, du nom de la région – la partie centrale de l’Arabie saoudite – qui l’a vu naître. L’extraordinaire longévité de ce pacte verbal est cependant attachée à un second événement majeur : le «mariage de convenance » scellé par le Pacte de Quincy (du nom du navire où se sont rencontrés le roi Abdelaziz et le président américain Roosevelt), lui aussi verbal, conclu le 14 février 1945. Ibn Abd al-Wahhab est initialement «un redresseur de torts qui poursuit, dans la voie tracée par l’orthodoxie, celle des “gens de la tradition et de la communauté” ». Sa doctrine est énoncée dans un ouvrage de jeunesse qui date de 1741 : Le Livre de l’unicité (contraction d’un titre fleuve : Le Livre de l’unicité divine qui est le droit de Dieu sur ses serviteurs). L’unitarisme (tawhid), qui s’oppose à l’associationnisme (shirk) comme la trilogie chrétienne, renvoie à un triptyque : l’unicité seigneuriale (tawhid alrububiyya) qui commande de connaître Dieu, l’unicité de dévotion, d’obéissance ou d’adoration (tawhid al-uluwiyya) qui commande d’obéir à Dieu et l’unicité des noms et des attributs de Dieu (tawhid al asma wa al-sifat). Ce faisant, les wahhabite accordent, aux yeux des traditionnalistes sunnites, un statut minimaliste au Prophète : «Le plus noble des hommes» est réduit à un simple intercesseur, allant jusqu’à qualifier d’associationnisme la célébration de sa naissance» ! Ibn Abd al-Wahhab s’inscrit dans la lignée intellectuelle d’Ibn Taymiyya (mort en 1328) : «Il aurait été le lecteur assidu de pratiquement un seul auteur - ndlr : Ibn Taymiyya – (…) dont il a recopié des cahiers entiers». H. Redissi résume ainsi la démarche : «La méthode est élémentaire : l’auteur choisit un thème par chapitre, cite des versets du Coran, puis des hadiths du Prophète, et ajoute enfin, en quelques mots, “d’autres points”» en guise d’indications. C’est cela le salafisme : ne tenir compte que des sources primaires, même si la collecte des hadiths est tardive. Le succès aidant, le cheikh va couler cette exégèse minimaliste, lexicale, dans une manière de syllabus, destiné plutôt à rappeler qu’à expliquer.» Son niveau d’érudition n’inquiète pas les autorités religieuses qui lui opposent un mépris certain. Au regard de la tradition sunnite, qui milite pour une «religiosité tempérée et réfléchie», il n’est pas un savant mujtahid car il ne maîtrise pas la douzaine des sciences religieuses. Elle le réduit à un «innovateur, égaré, hypocrite, athée, rusé, manipulateur, faux prophète» et assimile son fief, le Nadjd, à «une corne du diable» ; le lieu du «tremblement de terre, de la discorde et de l’avènement de l’Antéchrist». Ibn Abd al-Wahhab prend acte dès 1740 que ses adversaires ont «commis des écrits qui l’accusent d’innovation, d’égarement, de modification des préceptes de la religion, d’ignorance et de tromperie». Il vise principalement Suleyman ibn Suhayn, magistrat et mufti de Riyad qui adresse, entre 1740 et 1745, «aux ulémas de l’islam et aux serviteurs de la Charia de notre maître Muhammad», une lettre dans laquelle il porte à leur connaissance «qu’un innovateur est apparu dans notre pays, un ignorant, un égaré qui égare, sans science et sans piété (…) Il a détruit les tombes et brûlé des livres de prières populaires ; il prétend que, s’il le pouvait, il détruirait la Pierre noire de la Kaâba ; il considère que les gens depuis six cents ans sont dans l’ignorance». Une opposition, tout aussi féroce, au cheikh émane du Hedjaz où ses maîtres durant sa scolarité à La Mecque le «soupçonnent d’athéisme». L’un d’entre eux, M. Ibn Suleyman al- Kurdi, l’accuse de s’être «exclu lui-même de la grande masse des musulmans». Son propre frère, Suleyman ibn Abd al-Wahhab (mort en 1793) — c’est à lui qu’on doit le néologisme wahhabiyya — les reniera, lui et sa secte (firqa) en rédigeant vers 1753 un violent réquisitoire intitulé : Les foudres divines réfutant le wahhabisme. La construction de l’entité théocratique saoudienne depuis le Pacte de Nadjd a connu trois grandes étapes. Le premier royaume tient de 1745 au 9 septembre 1818, date de reddition du roi Abdallah. Remis par les Égyptiens aux autorités de la Sublime Porte , il est exécuté et sa dépouille livrée aux chiens après avoir été, trois jours durant, promenée dans les rues d’Istanbul. L’histoire retiendra à son sinistre actif le saccage et le massacre de Karbala (1801), de La Mecque et de Médine (1803- 1806). Le massacre des chiites de Kerbala mérite d’être rappelé pour sa sauvagerie : «En cinq heures de temps, près de 14 000 hommes, dont 6 000 cavaliers à dos de chameaux, envahissent une ville qui comptait entre 6 000 et 8 000 habitants. Ils tuent, selon les estimations variables, entre 2 000 (Ibn Bishr), 3 000, (Lam’, Corancez) et 5 000 personnes (Burckhardt). Les hommes et les enfants sont massacrés, les femmes enceintes éventrées.» Quant aux Mecquois, conquis en 1806, ils doivent, leurs muftis compris, reprendre leur cursus religieux à zéro. Le premier royaume est détruit par les Égyptiens en 1818 ; il sera reconstruit peu après pour durer de 1824 à 1891. Par l’épée et la plume.
A. B.
(*) Hamadi Redissi, Le Acte de Nadjd, Le Seuil, Paris, septembre 2007, 343 pages. Faute d’espace, nous reviendrons une seconde fois sur cet ouvrage dans notre prochaine chronique.

rebelle kabyle

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Message  rebelle kabyle Lun 8 Fév - 16:37

OUI Aokas triste

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